DESCRIPTION DE TALAGAAD
En 2522 CI

Terreur à Talabheim  p.30 et suivantes
Talagaad est probablement la plus grande et importante communauté rattachée à la cité de Talabheim. Dans la pratique, c’est tout simplement le port de Talabheim, tout le commerce maritime à destination de la cité-état passant par ses quais. Le trafic véhiculé par le fleuve est très divers, allant des marchandises acheminées dans les deux sens, par bateau ou par chaland, aux commerçants qui utilisent les bacs de la cité pour traverser la rivière alors qu’ils empruntent la route de la Vieille Forêt.
En raison de sa position sur le fleuve, Talagaad a souvent été peuplé de réfugiés et de taudis. En temps de guerre, d’épidémie et de famine, des malheureux, originaires d’aussi loin que le Kislev ou l’Ostermark, sont venus chercher refuge dans ses rues boueuses et infestées de rats. Cette population d’immigrés n’a fait que gonfler avec l’afflux de paysans du Kislev venus tenter leur chance à bord des péniches qui font la navette sur la Talabec supérieure. Ils arrivent souvent plein d’espoir à Talagaad pour finir sur les quais à trimer pour un salaire de misère.
Les bas quartiers de Talagaad contiennent difficilement les 1200 réfugiés du Hochland. Cela a engendré la création d’un bidonville persistant à la lisière nord de la ville. Le marché du travail de la communauté est également assailli d’immigrés prêts à travailler pour des salaires encore plus bas. Ces événements n’ont fait qu’accentuer la frustration de la main-d’oeuvre kislevite existante et les tensions entre les deux communautés sont aussi fortes que les salaires sont bas.

LES QUAIS DE TALAGAAD
Les quais de Talagaad font partie des quartiers les plus animés de la ville. Tout le commerce fluvial entre Altdorf au sud et Kislev au nord passe par un déchargement et un rechargement systématiques sur les appontements des deux rives de la Talabec. Les docks sont protégés des courants puissants par des digues successives qui parviennent tout juste à contenir les eaux à la fonte des neiges. Les quais sont constamment en construction et reconstruction, les jours exempts du vacarme des marteaux étant plutôt rares. La main-d’oeuvre est piètrement formée, voire pas du tout, si bien que des accidents arrivent tous les jours.
Les quais bordent les deux rives de la Talabec. Ceux de la berge sud sont particulièrement sollicités, car ils sont plus proches du chemin du Sorcier et donc de l’accès à Talabheim. Les capitaines qui sont réduits à devoir accoster sur la rive nord doivent ensuite transporter leurs marchandises par bac ou par le gué du Sorcier, ce qui n’est pas sans frais dans les deux cas. Les passeurs de Talagaad sont connus pour être parmi les pires requins de la ville et le droit de passage par le gué du Sorcier dépend essentiellement de la taille et de la valeur de la cargaison.
L’essentiel des demandeurs d’emploi se retrouvent sur les quais tous les matins, mais leur quête est souvent vaine et l’atmosphère est aussi tendue que la corde d’un arc prêt à tirer. Les immigrés kislevites travaillent épaule contre épaule avec les réfugiés du Hochland. Les bagarres et les coups de couteau ne sont pas rares, comme si les abords du fleuve n’étaient pas suffisamment dangereux. Les émeutes sont également courantes sur la muraille des Travailleurs, partie de la ville vers laquelle convergent les manoeuvres qui espèrent gagner honnêtement quelques pistoles. Le crime est répandu sur les docks, où les contrebandiers accostent la nuit et profitent le jour de la chienlit des heures de travail pour mener discrètement leurs affaires.

L’union des bateliers [TàT p.9]
La Talabec est un élément vital de Talabheim. Ce grand fleuve au débit lent porte de nombreux pèlerins, marchandises et denrées vers et hors de la ville. L’union des bateliers est un important groupe de pression qui représente les intérêts des capitaines, des propriétaires de navire et de tous les individus qui vivent des eaux de la Talabec. Ils luttent pour la réduction des impôts et des droits de passage imposés aux cargaisons. Ils découvrent et fondent de nouveaux points d’intérêt commerciaux en amont et en aval du fleuve, et règlent les différends entre capitaines et intermédiaires terriens.
Mais pour la plupart des négociants, l’union n’est qu’une vitrine pour criminels. On accuse l’organisation de tous les maux, en particulier de piraterie et d’extorsion, sachant qu’une grève des bateliers pourrait bloquer l’apport de marchandises et de denrées en ville. L’actuel dirigeant de l’union, un énorme Ostlander du nom de Jens Leonhard, est connu pour la main de fer avec laquelle il mène le groupe. Les lieutenants et les rivaux qui ont le malheur de le contrarier finissent bien souvent ligotés à la partie immergée de quelque canot.

La Dent Gâtée
La Dent Gâtée est un établissement situé de l’autre côté des quais, fréquenté par les voyageurs qui ont besoin d’une coupe de cheveux, d’un rasage ou de soins médicaux secondaires. La Dent, comme l’appellent les gens du coin, est également connue pour les nombreuses extractions de dents que pratique chaque semaine Helmut Heftung, son propriétaire. Celui-ci est un Middenlander qui tire une grande fierté de son aptitude à retirer les dents pourries ou abîmées en un clin d’oeil, en se servant d’outils qu’il a spécialement conçus à cet effet. Quand on connaît l’hygiène buccale à Talagaad et dans l’Empire d’une manière générale, il y a fort à parier que les affaires d’Helmut resteront prospères jusqu’à la fin de sa carrière.
Outre les affinités de Helmut avec la dentisterie, on peut également se faire tailler la barbe et couper les cheveux à la Dent Gâtée. Bien que Helmut soit largement plus adroit avec des pinces, il dispose de plusieurs paires de ciseaux parfaitement aiguisés pour pouvoir soigner les tresses et les barbiches de ses habitués. Un certain nombre de travailleurs sans emploi et souffreteux se réunissent chaque jour sur la devanture de la Dent, prêts à payer un sou pour se faire rafraîchir le menton et passer l’après-midi à colporter les derniers commérages et rumeurs. Helmut ne se plaint pas du succès de son commerce, mais il commence manifestement à se lasser de voir tous ces bavards abuser de son hospitalité.

La muraille des Travailleurs
L’avenue principale de Talagaad, que les habitants appellent la route du Sorcier, serpente à travers le centre-ville avant de rejoindre le chemin du Sorcier, qui zigzague ensuite pour gravir la muraille du cratère. Le gué du Sorcier est un vieux pont en pierre qui permet à cette route d’enjamber la Talabec pour que les marchands et résidents puissent rapidement traverser le fleuve (à condition de pouvoir acquitter le droit de passage). Sur la rive sud de la Talabec, une murette en pierre croulante s’étend de chaque côté du pont. Elle assurait autrefois une partie de la défense de la ville, mais n’est plus aujourd’hui qu’un tas de pierres recouvert de lierre.
Ce muret, que l’on appelle la muraille des Travailleurs, sert aujourd’hui de lieu de rassemblement pour ceux qui cherchent du travail sur les quais de Talagaad. Avant la Tempête du Chaos, c’était un endroit animé où les manoeuvres des deux rives se présentaient quotidiennement pour offrir leurs talents et leurs bras aux employeurs. Le rôle de la muraille n’a guère changé depuis, mais le nombre de personnes qui viennent trouver un moyen de se faire rapidement quelques sous est monté en flèche. Les émeutes ne sont pas rares, car la tension qui règne entre les dockers kislevites et les réfugiés hochlanders dégénère facilement.

Le marché aux poissons
Plusieurs petits villages de pêcheurs occupent les berges de la Talabec, beaucoup étant rattachés à la cité-état de Talabheim. Un petit marché poissonnier a fait son apparition à Talagaad pour recevoir les pêcheurs qui cherchent à transformer leurs prises durement acquises en argent, ainsi que leur famille. Avant les récents troubles, le poisson était abondant et les affaires étaient fructueuses. Mais après la guerre, les réfugiés ont commencé à affluer à Talagaad et le produit de la pêche, sans parler des autres ressources, n’a subitement plus été en mesure de répondre à la demande.
Les réserves poissonnières se sont retrouvées à sec, après avoir rempli les estomacs des réfugiés affamés, et les quantités de poissons comestibles extraits des profondeurs de la Talabec ont sensiblement chuté. On pensait au départ qu’une pêche excessive était à l’origine du problème, mais on a ensuite suspecté une sinistre sorcellerie, quand les pêcheurs ont commencé à ramener des créatures difformes plein les cales. La chair de ces abominations avait un goût immonde et finit par décourager les acheteurs, y compris les plus affamés des réfugiés.
Le poisson comestible est donc rare et cher, étant en outre souvent pêché en aval du fleuve. Quand les prises parviennent enfin sur le marché, plusieurs jours se sont écoulés et la fraîcheur ne peut être garantie. Le poisson, bien que souvent pourrissant, n’en est pas plus abordable pour les modestes habitants de Talagaad, mais les poissonniers n’ont aucun mal à vendre leurs produits aux moins indigents.

L’Anguille
L’Anguille est une taverne pourvue d’un étage, située sur la rive méridionale de la Talabec, deux pâtés de maison au sud de la route du Sorcier. La structure en bois de l’établissement a été délavée en gris crasseux par des années d’exposition aux éléments. Une enseigne branlante représentant une créature serpentine est accrochée à une paire de crochets rouillés au-dessus de la porte. Divers objets refoulés par le fleuve sont amassés pêle-mêle contre les murs de la taverne et sont recouverts de filets de pêche en fin de carrière. Près de la porte, est suspendue une cloche en cuivre gravée des mots «Der Aal », butin récupéré sur le navire qui donna son nom à l’établissement
En plein jour, la taverne est plutôt calme, car la plupart des habitués de l’Anguille sont en train de suer sur les quais ou de se faire discrets, à l’abri de l’oeil vigilant du guet. Mais quand le soleil se couche, les portes de l’établissement s’ouvrent grand et accueillent les riverains dans la grande salle crasseuse et mal illuminée. Les marins, les bateliers, les pêcheurs et les dockers apprécient l’ale bon marché de l’Anguille. Les patates frites accompagnées de la piquette locale sont la spécialité de la maison. Mais les clients de prédilection de la taverne sont les nombreux contrebandiers qui font la navette sur la Talabec en quête de profits illicites.
On peut presque tout acheter ou vendre à l’Anguille, tant que les deux parties sont prêtes à quelques compromissions. La réputation de havre pour les contrebandiers de l’établissement est bien connue à Talagaad. Dans une ville où règnent la violence et la décadence, un tel lieu est même bien vu par ceux qui tirent les ficelles. Les autorités locales préfèrent généralement ne pas se préoccuper de ce qui se passe ici, mais il leur arrive parfois de faire des visites inopinées, ne serait-ce que pour rappeler les limites au propriétaire. Les arrestations sont alors rares, à moins que des clients ne se montrent violents, la rébellion latente exacerbée par la liqueur de malt.

Chez Skully
Ce tripot et débit de boissons accueille les moins distingués des misérables habitants de Talagaad. Ce sont les jeux de cartes et de dés qui animent l’intérieur enfumé de cette taverne, tandis que l’arrière-cour est réservée aux combats improvisés, d’une telle violence que l’établissement a manqué d’être fermé par les autorités plus souvent que ne saurait compter le bougre moyen. Un mur de pierre de deux mètres cinquante de haut, surmonté d’éclats de verre, a récemment été bâti autour de l’arrière du bâtiment, pour une coquette somme.
Cette barrière est de toute évidence là pour empêcher les badauds d’assister gratuitement aux combats, mais elle contrarie également les parieurs récalcitrants qui veulent partir sans payer leurs dettes. Le propriétaire, un halfling libidineux qu’on ne connaît que sous le nom de Skully, prend activement part à l’administration de l’établissement.
La plupart du temps, il passe ses journées à se prélasser avec l’une de ses douze jeunes femmes hagardes, qui le nourrit de souries bouillies et de millet avec ses doigts gras. Quand il ne s’adonne pas à ses étranges habitudes, il passe d’une table à l’autre pour satisfaire ses hôtes. Il fait également office de maître de cérémonie quand se présente un combat particulièrement attendu et remet lui-même le prix au vainqueur. Un certain nombre de brutes viennent également étoffer son personnel, souvent d’anciens gladiateurs réputés, aussi efficaces que leur épée quand il s’agit de recadrer la clientèle.
Les combats qui se déroulent chez Skully apparaissent de plus en plus exotiques. La soif du public pour ces distractions violentes qui leur permettent de sortir de la monotonie de leur pitoyable existence pousse Skully à faire dans la surenchère et à innover pour satisfaire la clientèle. On raconte que le halfling serait prêt à payer cher pour des créatures du Chaos, y compris des mutants et des hommes-bêtes, mais on ne sait pas s’il compte les faire s’affronter les unes contre les autres ou contre son écurie de gladiateurs.
Skully est relativement respecté à Talagaad, du moins par ceux qui fréquentent son tripot. Quand on connaît le sentiment général sur la race halfling dans le secteur, ceci apparaît comme une prouesse. Bien que son goût pour les humaines soit considéré comme une perversion par les citoyens les plus respectables, et en dépit du fait que sa fortune se soit construite avec le sang des gladiateurs tombés dans l’arène, Skully est considéré comme un donateur généreux. Il participe largement aux opérations de bienfaisance et fait régulièrement envoyer de la nourriture et de l’ale aux Talagaaders les plus démunis, ce qui lui vaut un certain prestige chez les roturiers.

LE QUARTIER DES ENTREPÔTS
Au-delà des quais, sur la rive sud de la Talabec, s’étend le quartier des entrepôts de Talagaad. C’est ici que l’essentiel de l’argent qui gravite au port change de main, au milieu de ces grands dépôts et de ces échoppes. La plupart des affaires se déroulent de jour, mais un certain nombre de marchés plus douteux se concluent la nuit tombée, malgré la présence bien visible du guet dans tout le quartier.

Le Marteau et les Pinces
Cette boutique vend des armes et armures importées ou de conception locale. Le propriétaire, un forgeron du nom de Tomas Gussel, tire une fierté certaine de son approvisionnement. Il préfère fournir directement les autorités légitimes de la ville, mais ne refusera pas de vendre ses produits à quiconque en a les moyens. L’essentiel de son stock est composé d’armures légères et d’armes à une main, mais il pourra mettre la main sur n’importe quelle pièce militaire si on lui donne le temps et l’argent. Il ne vend pas ses marchandises par centaines, mais il vit relativement bien malgré les prix exorbitants de ses produits.
S’il est désormais rare que Gussel manie le marteau et les pinces, il accepte d’honorer certaines commandes, en particulier ses exceptionnelles zweihanders, conçues selon le style impérial. Les rumeurs vont bon train quant à son passé, avant qu’il ne débarque à Talagaad. On l’imagine le plus souvent comme un soldat impérial ayant servi au sein de l’un des fameux régiments de Joueurs d’Épées. Gussel ne confirmera jamais ces dires, pas plus qu’il ne les infirmera, préférant profiter de son passé ambigu pour mieux vendre sa marchandise.

Griswold & Fils
Gregor Griswold est arrivé à Talagaad avec un rêve : faire fortune en vendant de beaux vêtements importés du Reikland, du Wissenland et de l’Averland. Ses premiers pas à Talabheim portèrent leurs fruits, mais il était loin des richesses escomptées. Après avoir perdu l’essentiel de ce qu’il avait accumulé à la suite de divers cambriolages, Gregor décida de s’établir à Talagaad. Ce fut la dure réalité, et non une inclination personnelle, qui le poussa à prendre cette décision qu’il regrette encore aujourd’hui.
Après l’échec de ses importations vestimentaires, Gregor s’est lancé dans la mercerie dans le quartier des entrepôts de Talagaad. Alors que les toilettes qu’il proposait étaient destinées à l’élite de Talabheim, les tissus qu’il vend désormais s’adressent à toutes les couches sociales. Il a rencontré un certain succès dans cette branche, même si la croissance ne s’est vraiment fait sentir qu’après la Tempête du Chaos. En temps de guerre, même les objets les plus ordinaires deviennent prohibitifs. Gregor, qui ne recule jamais quand se profilent les bénéfices, a mis ses scrupules dans une poche et les sous dans l’autre.
Griswold & Fils propose une grande variété d’outils, de tissus et d’objets de première nécessité, ainsi que des produits de luxe importés de contrées aussi lointaines que l’Arabie et l’Estalie. Ses prix peuvent paraître exorbitants, mais Gregor explique que la sûreté des routes marchandes de l’Empire n’est plus ce qu’elle était. Bien qu’il n’ait pas tout à fait tort, ses prix dépassent de loin la norme actuelle. Il est cependant le principal fournisseur de Talagaad, ce qui lui permet de pratiquer les prix de son choix.

La place du marché
Talagaad dispose d’un unique marché en plein air où fermiers et marchands de la région viennent vendre leurs denrées et marchandises. Le marché se tient trois fois par semaine sur la place prévue à cet effet, au centre du quartier des entrepôts. Ceux qui ont les moyens de dresser un étalage ou une tente le font, mais la majorité des exposants se servent de chariots ou de charrettes. On peut presque tout acheter ici, mais les articles essentiels, comme la nourriture et les vêtements, ont pris une nouvelle importance depuis que la Tempête du Chaos a ravagé l’Empire.
À l’inverse du marché aux poissons, cette place est presque toujours animée les jours de marché. Une véritable foule y afflue pour voir ce qui s’y vend de nouveau et marchander les meilleures affaires. Le crime est également fréquent, surtout le vol. Les jours de marché, les voleurs à la tire sont aussi nombreux que les blattes malgré la présence du guet, censée les dissuader. Des bagarres éclatent également quand un marchandage tourne mal, ce qui crée des distractions providentielles pour les coupeurs de bourses et les voleurs à l’étalage.

Le Chat à Dix Queues
Cette taverne est probablement l’une des plus courues de Talagaad. Tenue par un ancien gladiateur du nom de Sluro, le Chat à Dix Queues est connu dans toute la région pour la coutume qui veut que le client ne paye pas l’ale s’il raconte une ou deux bonnes histoires. Certains récits sont comiques, d’autres sont dérangeants et d’autres sont tout simplement étranges. Quelle que soit l’anecdote, c’est la réaction de l’assistance qui décide si le conteur a mérité sa chope. Si la foule approuve, l’ale coule gratuitement dans le godet du narrateur et le droit de pinte ne s’applique pas. La clientèle du Chat à Dix Queues est très disparate. Elle est certainement la plus cosmopolite de tous les établissements de Talagaad. Les habitués locaux croisent des individus de tout l’Empire et de bien au-delà. Des salles privées sont disponibles pour un tarif honnête. Elles sont très appréciées des groupes qui veulent converser sans craindre de dévoiler des informations sensibles aux commères de la salle principale. En outre, des jeux de hasard sont improvisés tous les soirs et l’on gagne ou perd des fortunes sur un dé ou une carte.

LES GREDINS
Le quartier de Talagaad que l’on appelle les Gredins, qui porte ce nom en raison de la canaille qui traîne ici, affiche la pauvreté abjecte des réfugiés et des gens de passage. Ce secteur dominait au départ le nord-ouest de la ville et s’est depuis transformé en énorme camp de tentes, de huttes et de taudis. La majorité des résidents sont des Hochlanders qui ont fui leur pays durant la Tempête du Chaos, auxquels s’ajoutent quelques familles d’Ostermark qui n’avaient nulle part où aller.
Un simple tour dans les rues des Gredins suffit à comprendre la misère et le désespoir de ceux qui s’y sont établis en attendant mieux. Le vol et le meurtre ponctuent les journées et les réfugiés sont constamment exploités par les criminels de la ville. L’alcool abonde malgré le droit de pinte. Quand ils ne travaillent pas, c’est-à-dire la plupart du temps, les expatriés boivent un tord-boyaux tout en partageant leurs malheurs au coin d’un feu moribond.
Les Hochlanders voient la population kislevite de Talagaad comme leur concurrence principale sur la voie de Talabheim. Que ce soit vrai ou hors de propos, tout individu aux allures kislevites serait bien avisé d’éviter soigneusement les Gredins. On a déjà retrouvé plusieurs cadavres de malheureux qui s’étaient aventurés du mauvais côté de la Talabec, ce qui n’a pas contribué à rapprocher les Hochlanders et les Kislevites.

La rue des Voleurs
Comparé à sa grande soeur, la ville de Talagaad est pratiquement exempte de lois. Si le garde moyen qui travaille dans cette cité portuaire est relativement honnête, la plupart ont tendance à protéger leur propre vie quand ils patrouillent dans ces rues turbulentes.
Cela ne veut pas dire que la loi n’a pas sa place ni qu’elle n’est jamais respectée. Au contraire, des arrestations ont lieu tous les jours pour divers crimes, de petites infractions (comme tenter de se soustraire au péage de la route du Sorcier) aux fautes graves (comme le meurtre ou l’hérésie). Les procès sont rapides et l’opinion publique joue un rôle important, notamment dans le cas de crimes qui touchent à la sensibilité, politique ou autre, de la masse.
Quand l’accusé n’est pas directement lynché, il est jugé au tribunal en plein air de Talagaad, qui se trouve sur la voie que l’on appelle la rue des Voleurs. Celle-ci se situe à la limite entre les quais nord et le misérable quartier des Gredins. Elle est pavée de pierres ovales noires, chacune gravée des noms d’un ou plusieurs criminels et des forfaits commis. Au fur et à mesure que de nouveaux crimes sont jugés, le nom des responsables est inscrit sur de nouvelles pierres. Au centre de l’avenue, se dresse une plate-forme sur laquelle les malfaiteurs doivent se tenir en attendant la sentence. Ces procès se déroulent au moins une fois par semaine et attirent un public nombreux, ainsi que divers commerces de nourriture et une atmosphère de carnaval.
Des estrades longent la rue des Voleurs, chacune équipée d’ustensiles de pénitence, le plus couramment des piloris en bois épais renforcé de lourdes bandes métalliques. Les individus qui sont reconnus coupables de crimes secondaires sont directement entravés au pilori par les pieds, les mains et la tête. La durée de la peine peut aller de quelques heures à plusieurs jours. Tant qu’ils sont exposés ainsi, les criminels font l’objet des railleries et des mauvais traitements de leurs concitoyens, mais aussi des éléments. La loi ne tient pas compte des saisons et certains détenus sont morts de froid avant la fin de leur pénitence pour avoir eu le malheur de commettre leur crime en hiver. D’autres estrades disposent simplement d’un poteau où les malfaiteurs sont soumis à une flagellation ou une bastonnade.
Outre les sentences mineures, comme le pilori ou les coups de fouet, c’est également ici qu’on procède aux exécutions. Deux estrades sont équipées de potences. Les pendus restent en place pendant plusieurs jours ou semaines selon la gravité du crime. Mais la plate-forme la plus visible est assurément celle que l’on appelle le Billot, où les crimes les plus odieux sont punis d’un, de deux ou de trois coups de hache du bourreau. Les prisonniers qui survivent à trois coups de fendoir sont graciés, même si, de mémoire récente, cela n’est jamais arrivé.

LE PETIT KISLEV
L’un des quartiers des plus anciens de Talagaad est connu sous le nom du Petit Kislev. La population kislevite du port s’est approprié ce secteur et le spectacle, les sons et les odeurs offerts par ce site rappellent franchement Praag et Erengrad. Bien que le quartier soit de taille modeste, puisqu’il ne comprend qu’une avenue et une demi-douzaine de ruelles, il est toujours animé et débordant d’énergie. Une musique kislevite entraînante, souvent accompagnée de chants improvisés, ajoute à l’exotisme des lieux.
Depuis l’arrivée des réfugiés du Hochland, l’ambiance du Petit Kislev n’est plus la même. Avant la Tempête du Chaos, les immigrés kislevites constituaient l’essentiel de la main-d’oeuvre peu qualifiée de la ville. Les Hochlanders sont arrivés en masse, désespérés et prêts à exécuter les mêmes tâches pour des salaires encore plus misérables. Les commerçants et entrepreneurs sans scrupules ont profité de la situation, qui oppose les Kislevites et les Hochlanders dans cette lutte pour la survie. La population d’expatriés hochlanders est six fois supérieure à celle des kislevites, ce qui promet un sinistre avenir en ces temps troubles.

La Balalaïka
Ce débit de boissons, qui porte le nom d’un instrument de musique très populaire au Kislev, est le lieu de retrouvailles préféré des immigrés de cette nation. Le menu compte une douzaine de copieux plats ethniques, ainsi que de la vodka, qui est acheminée par la Talabec depuis la mère patrie. Comme le laisse entendre le nom de la taverne, la musique est ici l’une des principales attractions. Bien qu’elles soient souvent pleines d’entrain, les chansons sont de plus en plus sombres depuis ces derniers mois, reflétant la situation préoccupante.
La boisson a toujours été un des passe-temps favoris des Kislevites et la Balalaïka est depuis longtemps un lieu de réunion pour ces immigrés, mais également pour de nombreux Talabeclanders. Bien que les prix de la taverne n’aient pas vraiment bougé, le manque d’offres d’emploi en ville ne permet plus toujours aux résidents de s’offrir les volumes de vodka qu’ils avaient l’habitude de s’enfiler. Malgré tout, les gens viennent toujours en nombre, ne serait-ce que pour bavarder et maugréer sur la situation actuelle.

Madame Yaga
La minuscule maison de madame Yaga est nichée entre deux rangées d’habitations crasseuses à l’extrémité est du Petit Kislev. Yaga est une diseuse de bonne aventure réputée, qui ne cesse d’émerveiller par son intuition surnaturelle et sa sagesse. Elle n’accepte les clients que sur rendez-vous. Elle quitte très rarement sa demeure, c’est pourquoi un jeune garçon que l’on ne connaît que sous le nom de Yuri est généralement assis sur le perron pour organiser son emploi du temps. Personne ne sait s’il existe un quelconque lien de parenté entre Yuri et Yaga.