2145 CI
WDF35
p.44-45 et The Empire at War
p.26-47
Traduction : Ilmarith, Jérôme & Colonel
Glaucester
The Empire at War se présente comme
un ouvrage de leçons militaires écrit par le Grandmarshall Blucher von
Vincke et imprimé à Altdorf 2523 CI. Cinq batailles sont présentées
dont un chapitre sur la bataille d’Hel Fenn traduit ci-dessous. Le
propos historique est interrompu par des digressions pédagogiques du
pseudo-auteur mais le contenu est tout de même bon à prendre. Comme souvent, il faut peut-être regarder avec un prisme
réducteur les exploits relatés et les effectifs en présence. De même,
les pistoliers et les arquebusiers du texte et des cartes étaient sans
doute des arbalétriers et de la cavalerie légère de cette époque où les
armes à poudre était encore pas très communes dans les armées de
l’Empire.
"Nos tirailleurs se retirèrent devant l’assaut des morts-vivants, ils lâchaient leurs armes et hurlaient de terreur. Les horreurs squelettiques de Mannfred von Carstein suivirent imprudemment, leurs doigts osseux cliquetants alors qu’ils tenaient fermement leurs lances. Ils marchaient sur nous, leurs crânes grimaçant. Mais le comte du Stirland était rusé, et les mâchoires de son piège étaient sur le point de se refermer."
- Kurt Vanhlem, arbalétrier du Stirland
LA CHASSE AU VAMPIRE
La
bataille de Hel Fenn fut une grande victoire pour l’Empire et
vit la fin du règne de terreur de Mannfred von Carstein.
Pourtant la bataille fut rude et l’impensable aurait pu se
produire sans le génie tactique du comte-électeur du
Stirland [Martin von Krieglitz - LA MV WFB4 p. 29] et le courage
de ses soldats.
Mannfred von Carstein, le dernier de sa lignée maudite de vampires, s’était montré un formidable ennemi durant la guerre d’hiver de 2132, lorsqu’il traversa l’Empire pour attaquer tour à tour Altdorf et Marienburg. Il ne put être repoussé en Sylvanie que par une force combinée des hommes et des nains.
Le génie tactique et la vision stratégique du comte Martin du Stirland permit de remporter la bataille à Hel Fenn, en 2145, et ainsi de fournir aux érudits militaires le parfait cas d’étude d’une manœuvre d’enveloppement. Cette bataille est enseignée dans toutes les écoles militaires, et c’est le rêve de tout général capable de pouvoir mener à bien cette tactique classique avec la même bravoure, le même courage et les mêmes capacités que Martin de Stirland lors de cette journée fatidique en Sylvanie.
Une fois que l’attaque de Mannfred sur l’Empire fut repoussée : d’abord à Altdorf, où le grand Théogoniste en personne récita le grand rituel de bannissement, menaçant d’anéantir toute l’armée de Mannfred, puis à Marienburg. Un jeu de chat et de souris commença et le vampire fut alors traqué jusqu’en Sylvanie.
J’ai eu l’occasion d’y mener plusieurs campagnes contre des armées de morts-vivants conjurées par des nécromanciens. Ce n’est pas une terre où j’aimerais à nouveau aller. L’idée que les hommes que nous y avons enterrés puissent à nouveau se lever pour combattre les vivants est sinistre. La Sylvanie est un pays inhospitalier et désolé, fait de montagnes déchiquetées, de mornes plaines et d’un sol pourri couvert de denses forêts de pins. De sombres choses y vivent.
Le comte de Stirland était en charge du commandement général des armées alliées, mais il était un diplomate, et cherchait le conseil des autres comtes-électeurs et des nains pour toute question importante. Il savait que l’unité des alliés importer plus que tout. Beaucoup pensaient que Mannfred n’avait plus les moyens de résister et il était alors impératif de le poursuivre, de façon à ce que les alliés puissent mettre fin une fois pour toutes à la menace qu’il représentait.
Après de nombreuses batailles, après lesquelles il semblait qu’aucun camp n’avait pris d’avantage stratégique, Mannfred fut repoussé dans les forêts de Sylvanie. C’est alors que commença la longue et fastidieuse tâche consistant à fouiller les bois à la recherche du vampire et de sa fétide armée de morts sans repos. Après des semaines de recherche sans résultat, Mannfred fut finalement contraint à la bataille à Hel Fenn. Alors qu’il émergeait des arbres, le comte Stirland vit une plaine ouverte en pente jusqu’à une crête, qui descendait à nouveau vers la forêt. Ils chevauchèrent jusqu’à la crête, et c’est en ces mots que le comte décrivit ce qu’il vit :
« Nous chevauchions à travers la plaine de Hel Fenn, à l’affût. La brume s’enroulait autour des arbres torturés devant nous et se déplaçait lentement au rythme de la brise venant des marais putrides. Le soleil était bas et la lumière diminuait, de façon à ce que nous avons d’abord pensé que nos yeux nous jouaient des tours : on avait l’impression que les arbres bougeaient !
Mais ce n’était pas les arbres qui bougeaient. Les morts sortaient de la forêt. Mon cheval regimba et un frisson de peur courut mon échine. Je sentis la puanteur de la chair pourrie. Des colonnes sans fin de squelettes, de loups déversaient de la forêt et le ciel devenait noir alors qu’un essaim de chauves-souris s’assemblait en nuages tourbillonnants. Et là, nous le vîmes, comme une tache dans la lumière du crépuscule, mais nous ne pouvions nous méprendre : c’était Mannfred von Carstein. Il projeta ses bras en l’air, des éclairs étincelèrent autour de lui. Nous regardions, frappés d’horreur, son immense armée.
« Envoyez le mot à nos alliés » ai-je dit, nous avons besoin de leur aide le plus vite possible. Le vampire a trouvé de nouvelles forces et nous attends. »
L’OST DES MORTS-VIVANTS
Les armées de morts-vivants ne sont pas comme les autres. Je leur ai fait face à de nombreuses reprises et ils exigent de maîtriser la peur qu’ils inspirent aux hommes encore plus que d’autres ennemis. Et la peur est le pire ennemi d’un soldat. Heureusement pour le comte de Stirland, son armée avait déjà combattu Mannfred durant plus d’un an lors de son invasion de l’Empire et avait endurcis ses soldats.
L’ost de Mannfred avait été battu à de nombreuses reprises lors de sa retraite, et il avait perdu beaucoup de ses alliés vampires. Cependant, il avait créé une immense armée de squelettes, de goules, de zombies, de revenants et de paysans qui lui était toujours fidèle.
On parle pour Manfred de 20000 à 300000 guerriers. La réalité se situe probablement entre les deux. Mannfred était accompagné par deux de ces lieutenants les plus fiables, le nécromancien Adolphus Krieger et Gothard, le seigneur revenant, appelé le Chevalier Immortel.
Nous pouvons cependant être sûrs que la courageuse armée du comte de Stirland était en infériorité numérique, et elle savait que ses alliés ne pourraient arriver à temps. Martin de Stirland et ses vassaux regardaient avec une inquiétude croissante les guerriers de Mannfred se traînaient, rampaient et marchaient hors de la forêt et commençaient à former des régiments dans un silence total ; aucun ordre ne fut crié, aucune trompette ne retentit.
La peur est une arme qui peut être utilisée par tous les généraux ; si une unité ennemie fuit, d’autres sont susceptibles de les suivre. Mais les morts-vivants ne connaissent pas la peur, et jamais ils ne fuient un combat. C’est à cela que devait penser le comte-électeur alors qu’il regardait l’ost se matérialiser.
« Mannfred, cette révoltante aberration, ordonna à son ost d’avancer et utilisant sa magie sournoise pour animer ses zombies et ses squelettes. Il était le maillon qui maintenait l’ost impie. J’ai prié Sigmar que mes alliés arrivent au matin, lorsqu’une première attaque pourra être menée,’ écrivit le comte Martin.
Les levées Sylvaniennes
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LE DÉPLOIEMENT
Dans
la lumière décroissante du crépuscule, Martin de
Stirland déploya ses troupes. Il était en relative
position de force. La forêt dans son dos, ses forces
amassées sur la colline dont le pied était ceint
d’un talus qui protégeait la ligne de front de son
armée. Son flanc droit s’appuyait sur un fort
abandonné et son flanc gauche était
protégé par une ferme fortifiée et
l’épaisse forêt.
Le comte-électeur positionna ses artilleurs au sommet de la colline qu’ils appelèrent « la Crête du Tonnerre ». De ce surplomb, les canons et les mortiers pouvaient voir et tirer sur l’ennemi approchant le front impérial. Pour s’assurer que Mannfred n’ait d’autre choix que d’avancer de front, Martin protégea ses flancs méticuleusement.
Le comte-électeur s’était adjoint l’aide de nombreux prêtres de Taal et notamment d’Axelbrand, archilecteur de Taal. Il savait que Mannfred était un mage puissant et redoutable et que les bénédictions des prêtres seraient vitales pour repousser sa sorcellerie.
Martin envoya une partie de la Garde noire d’Ostland, son infanterie d’élite, occuper le fort et la ferme fortifiée. Il savait que Mannfred devait s’emparer de ces bâtiments s’il voulait espérer profiter de sa supériorité numérique pour engloutir l’armée impériale et cette manœuvre devait lui coûter le plus cher possible. Il déroba aux regards le gros de son armée derrière la ligne de crête et il positionna des chasseurs et des compagnies libres en avant-garde le long de la route. « Des appâts tentants auxquels la bête ne pourra résister. » avait déclaré Stirland.
Il était nécessaire que Mannfred attaque. Stirland détenait une forte position défensive, mais son armée n’avait pas le mordant requis pour s’attaquer à la horde morte-vivante. Il voulait attirer Mannfred à l’endroit voulu pour supporter le choc initial et fixer son armée le temps que ses alliés arrivent et renversent le cours de la bataille. Stirland connaissait Mannfred et pour vaincre un ennemi, il est nécessaire de comprendre sa pensée.
Mannfred avait de quoi être confiant. L’armée de l’Empire qui lui faisait face n’était pas de grande taille et les nains étaient encore loin. Il savait que lors de l’arrivée des alliés, sa victoire serait bien plus incertaine, aussi décida-t-il d’empêcher leur regroupement et de les battre séparément. Cette stratégie était sensée et si elle pouvait être menée à bien, elle signerait sans aucun doute la défaite des alliés.
Dans l’aube grise et froide, les soldats formèrent leurs régiments. La bataille de Hel Fenn allait commencer.
L’INCURSION DE MANNFRED
« Nos chances étaient si minces que je craignais pour nous tous. Pourtant Martin ne s’était pas départi de son calme, observant la bataille depuis sa monture et distribuant des ordres vitaux comme s’il donnait les instructions aux pages de son palais. Il me confia plus tard que la peur avait rongé son cœur tout au long de cette journée. Je ne l’aurais jamais cru. » écrivit le général Kristian Heff.
Comme il l’avait anticipé, la première attaque de Mannfred se concentra sur le fort de son flanc droit. Des cavaliers squelettes chargèrent les murs fatigués, un vaste régiment d’infanterie squelette à leur suite. La Garde noire serra les rangs derrière les murs en ruine, brandissant leurs grandes épées alors que les arquebusiers postés sur les remparts déversaient des volées de plomb, leur chevrotine déchiquetant les os. Le tumulte guerrier engouffra rapidement le fort : la fumée s’amoncelait, les os étaient broyés, les hommes hurlaient de défi, les lances se rompaient. Encore et encore, la cavalerie tentait de pénétrer la ligne de la Garde noire, mais elle fut repoussée à chaque fois. L’obstination des Joueurs d’épées est légendaire et la Garde noire n’y fait pas exception. Le fort demeura contesté pendant de longues heures.
À neuf heures, des éclaireurs rapportèrent à Martin que les nains avaient marché la nuit durant, et que leurs éléments avancés, des rangers, arrivaient dans les bois sur le flanc gauche. Ils envoyaient leurs salutations et promettaient de tenir le flanc contre l’ennemi « jusqu’à ce que le dernier de ces cadavres ambulants traînant leur pourriture soit bien mort une fois pour toute. » Le cœur du comte-électeur se gonfla d’espoir à cette nouvelle puisque jusque là, son flanc gauche était son point faible et que des tirailleurs lui avaient signalé que Manfred amassait des nombreuses troupes pour s’emparer de la ferme. L’arrivée des nains contrecarrait sérieusement les plans du vampire, mais il s’y tint malgré tout. Les nains se mirent en position un peu à l’écart de l’armée impériale, utilisant le bois comme couvert. Manfred avait toujours le loisir de couper l’armée alliée en deux en enfonçant son centre. Il devait pour cela d’abord arracher la ferme à la Garde noire.
Alors que l’armée de Mannfred progressait lentement dans la plaine afin d’inciter les impériaux à quitter sa position, des unités rapides de loups funestes, de chariots squelettes et de paysans archers fondaient sur la ferme fortifiée et les nains déployés à la hâte. Mannfred voulait enfoncer leurs lignes pour encercler le flanc gauche de l’Empire.
Martin de Stirland se contentait d’attendre. Il observait méticuleusement la bataille redoublant de férocité sur les fortifications de ses flancs et il se félicitait intérieurement de sa stratégie. Alors que les attaques contre le fort et la ferme étaient repoussées, Mannfred consacrait plus de troupes à ces offensives. Il épuisa en vain ses réserves pour prendre ses fortifications. Martin n’avait qu’à assurer des renforts au compte-gouttes pour remplacer les hommes tombés, mais juste assez pour tenir les murs. Mannfred devait envoyer toutes ses forces au combat tandis que le Comte-électeur avait encore des troupes en réserve.
L’ENGAGEMENT DU CENTRE
En dépit de cette stratégie, la position des alliés demeurait précaire. Les flancs de l’Empire étaient engagés contre un ennemi supérieur en nombre et le désastre était assuré en cas de faiblesse. Les morts-vivants qui envahissaient la plaine étaient innombrables. Les régiments de squelettes marchaient parfaitement à l’unisson, forts de milliers de guerriers qui battaient leurs boucliers de leurs lances en un vacarme assourdissant. Les zombies traînaient des pieds en grinçant des dents, tandis que des centaines de loups funestes écumaient derrière eux. Le ciel au-dessus de l’ost était noir de chauve-souris qui allaient jusqu’à cacher le soleil. En plein midi, on aurait cru que le crépuscule était déjà arrivé. L’air frémissait du battement de leurs ailes et le sol vibrait sous des milliers de pas.
Martin de Stirland envoya des ordres à l’artillerie de la « Crête tonitruante ». Les hommes acclamèrent le rugissement des canons et des mortiers – issus des forges de Nuln et baptisés « Courroux » et « Marteau de Sigmar » par leurs servants. Ils visaient les guerriers ennemis amassés en rangs si serrés que les artilleurs ne pouvaient manquer leurs tirs. Des mottes de terre boueuse étaient projetées en l’air tandis que les boulets frappaient le sol et décimaient les rangs morts-vivants dans leurs rebonds. Ils tombaient comme les blés sous la mitraille et leur masse compacte était rompue de trous béants.
Le comte-électeur de Stirland ne pouvait se permettre d’engager toute son armée dans le combat, car cela l’aurait empêché de manœuvrer ou de contrer les mouvements de Mannfred. Il envoya les premiers rangs de son armée affaiblir l’ennemi qui s’approchait : des régiments de lanciers associés à des arbalétriers pour protéger leurs flancs. L’infanterie de l’Empire est la colonne vertébrale de ses armées et ma carrière de soldat débuta parmi les fantassins. À mesure de leur progression le long de la route, ils purent apercevoir toute la force de l’ennemi. Pourtant, ils ne faillirent pas.
Les lanciers impériaux n’avaient que quatre rangs de profondeur alors que leurs opposants squelettes et zombies étaient innombrables. Ils s’arrêtèrent au sommet de la crête et attendirent. Leurs ordres étaient de retenir la horde des morts-vivants aussi longtemps que possible, en leur infligeant un maximum de pertes. Cette ligne ténue fut surnommée «Mince-Espoir » par les hommes stationnés derrière et ils devaient pourtant remplir leur mission au-delà de toutes les attentes que Martin avait placées en eux.
LA LIGNE MINCE-ESPOIR
Le
terme même de mince espoir induit l’idée que la
tache implique un grand danger, et que quiconque s’engage dans
cette mission risque fort de périr. Cela est vrai et,
pourtant, beaucoup d’hommes se portent volontaires pour
participer à de telles actions, l’honneur est grand pour
ceux qui survivent. Jamais ils ne sauraient être accusés
de lâcheté.
« Nous étions un quart de miles derrière la ligne « Mince-espoir ». Tout ce qu’on pouvait voir, c’était le dos de ces hommes. Ils portaient leurs lances au-dessus de la tête et des épaules de l’homme devant eux. Premièrement, les arbalétriers ouvrirent le feu, puis ce fut au tour des archers. Le comte-électeur de Stirland avait ordonné aux archers de tirer des flèches enflammées sur les essaims de chauve-souris. Ils savaient qu’elles détestaient le feu qui purifie. Nous sûmes quand les morts-vivants atteignirent Mince-Espoir, parce que la ligne bougea. Nous vîmes ces hommes contracter chaque tendon pour repousser leurs adversaires. « Par les dieux, comment ils combattaient ! » Écrivit le capitaine Gunther Jenz du régiment des lanciers du Stirland.
Pendant que la ligne Mince-Espoir tenaient l’ennemi en respect, des flèches et des carreaux continuaient à pleuvoir sur les rangs des morts-vivants. Les hommes priaient tous pour qu’un boulet de canon réduise Mannfred en pulpe, ce dernier se tenait au milieu de la horde, contrôlant son armée et en forçant l’avance. Il avait une implacable confiance en la victoire. Mannfred décida de changer de stratégie. Au grand étonnement de Martin de Stirland, les morts-vivants du centre de l’armée firent volte-face, puis s’éloignèrent, laissant les hommes de la ligne Mince-Espoir célébrer leur victoire.
Toutefois, les morts-vivants sur les flancs maintinrent leurs positions. Ils essayaient toujours d’entrer dans le fortin et la ferme fortifiée. Les régiments du centre qui reculaient se divisèrent en colonnes, puis s’arrêtèrent, laissant de larges passages entre eux. Derrière eux, apparut la cavalerie de Mannfred. Des chevaliers noirs aux yeux rougeoyants chevauchant des destriers morts-vivants, leurs minces lances aux pointes de fer rouillées. Le sol trembla.
« Cela s’annonce de mauvais augure », déclara Martin de Stirland. Il leva son épée en l’air. « Cavalerie ! » cria-t-il et les trompettes remirent son appel. La cavalerie lourde quitta ses positions à l’arrière. Des centaines de chevaliers passèrent au trot à côté des fantassins qui les acclamaient. Le comte électeur se préparait à contre-attaquer.
LA CHARGE GLORIEUSE
La cavalerie de Mannfred se déploya dans la plaine, leur trot devint un petit galop lorsqu’ils atteignirent la crête. Il était certain que sa cavalerie allait déchiqueter la ligne Mince-espoir comme une hache traverse un parchemin humide. Il était si confiant d’avoir les forces suffisantes pour pulvériser les forces du Stirland, qu’il en oublia de se renseigner sur les forces et la composition de l’ennemi qui lui faisait face. Ce fut une grave erreur.
Mannfred a peut-être souri alors qu’il regardait la ligne des humains se retirer derrière la crête. Maintenant sa cavalerie pouvait les poursuivre alors qu’ils battaient en retraite et il pourrait tourner son attention sur les nains. Ce sourire eut sans doute tôt fait de s’effacer lorsqu’il vit la cavalerie impériale apparaître.
La charge de la cavalerie fût décrite par leur meneur, l’impétueux, courageux et insensé général Jaegar, qui chevauchait à leur tête, au centre de la ligne :
« Mannfred nous vit pour la première fois quand nous franchîmes la crête. Imaginez une énorme vague s’écrasant sur une plage, une vague de chevaux et de chevaliers en armure, c’est ce à quoi l’on ressemblait, inébranlables et mortels. Nous chevauchions à pleine vitesse, nos chevaux regimbant, un cri de joie à nos lèvres. La bataille avait commencé ! Quelques chevaux trébuchèrent en atterrissant, faisant tomber leur cavalier au sol, mais nous ne perdîmes pas notre élan. Les morts-vivants étaient à peine à 50 mètres, et toujours au trot.
Mon cœur bondit quand je vis Mannfred faire faire demi-tour à son destrier, abandonnant sa cavalerie à son sort, sort que nous lui délivrâmes avec furie. Notre vague d’acier et de courage s’écrasa sur les morts-vivants, ce qui les brisa totalement. »
C’est alors que tout aurait dû finir. La charge de la cavalerie avait fait plus que les alliés avaient pu en espérer, mais ils auraient dû se replier sur les lignes impériales, se regrouper, puis se tenir prêts pour une nouvelle action. Mais le bouillonnant général Jaegar, en quête de gloire, continua la charge, et pourchassa la cavalerie morte-vivante, jusqu’à être enveloppé dans les lignes ennemies. Je m’assure toujours personnellement que mes commandants de cavalerie tiennent la bride à leur envie de charger au loin. Ce sont des gens impétueux, prompt à s’emballer.
Saisissant sa chance, Mannfred ordonna à son infanterie de se former en carré de lances, et d’encercler la cavalerie. Au milieu de la plaine, Jaegar réalisa son erreur. Ces chevaux étaient épuisés, la charge diminua d’intensité, puis stoppa. Les chevaliers se regroupèrent en petits groupes, et le courage que leur magnifique charge avait allumé dans leur cœur s’éteignit. L’armée de Mannfred se rapprochait, lances baissées, les loups funestes se rapprochaient en meutes, désireuses de goûter à la chair des chevaux et des hommes, les espaces entre les régiments de morts-vivants se refermèrent.
Sa fureur à grand-peine contenue, Martin de Stirland observait son général essayant de rallier ses troupes. Les canons se turent car il ne voulait pas atteindre ses propres hommes. Jaegar tenta une charge pour revenir vers les lignes impériales, mais le sol humide était devenu un bourbier qui rendait la progression difficile.
Les hommes pleuraient alors que la fine fleur de l’Empire était forcée d’engager un mur de lances hérissées. Les chevaux hennissaient et ruaient alors que les lances les empalaient. Il faut laisser à Jaegar le fait qu’il combattit comme un possédé, ouvrant un passage au milieu d’une horde de zombis, dans lequel pouvaient se frayer d’autres chevaliers, mais le mal était fait. À peine 100 chevaliers revinrent sur les 600 qui avait commencé la charge, Jaegar lui-même fut abattu d’une flèche dans le dos. Sa folie avait coûté à Martin de Stirland l’une de ses armes les plus puissantes, les chevaliers n’allaient plus que jouer une part anecdotique dans le reste de la bataille. [...]
LE PIÈGE EST EN PLACE
Alors
que les derniers chevaliers regagnaient les lignes impériales,
Martin de Stirland était en délicate posture. Nombre de
ses chevaliers avaient péri, on lui rapportait que le fort sur
son flanc droit ne tiendrait plus longtemps et l’infanterie
morte-vivante avançait à nouveau dans la plaine.
En réserve, le comte-électeur conservait une seconde troupe de cavalerie, les chevaliers de la Divine Épée menés par le Grand Théogoniste Kurt III lui-même venu depuis Altdorf, et une troupe d’infanterie de la même province. Les chevaliers étaient impatients d’en découdre, en particulier avec le Chevalier Immortel, Gothard, un serviteur de l’armée de Mannfred qui avait jadis appartenu aux chevaliers de la Divine Épée avant d’être tué et ramené à la non-vie. Martin de Stirland envoya ses ordres par estafette à ce bataillon. Ils devaient rapidement engager les morts-vivants par la gauche et les repousser autant que possible.
Le moment était venu de mettre en œuvre son plan. Ses généraux étaient bien entraînés et les hommes savaient ce qui était attendu d’eux. Aucun d’eux n’ignorait l’ampleur du risque qu’ils prenaient mais aucun d’eux ne faillit.
Sur la crête, le comte-électeur déploya son infanterie : essentiellement des épéistes et des hallebardiers vétérans. Leur mission était absolument cruciale et elle requérait talent, courage et coordination. Martin se positionna parmi eux et sa présence inspira les hommes et leur donna du cœur. Cette ligne ténue d’infanterie était censée retenir le gros de l’armée des morts-vivants et de reculer pied à pied, tout en maintenant la ligne afin pour attirer les forces de Mannfred dans leur dispositif.
Devant son infanterie, Stirland déploya des tirailleurs : archers, arbalétriers et des miliciens. Derrière les épéistes et les hallebardiers, une autre ligne d’infanterie : des lanciers. Sur le flanc gauche, les chevaliers restants et sur le flanc droit, une centaine de pistoliers.
Mannfred eut vent de l’approche du Grand Théogoniste, des chevaliers de la Divine Épée et des autres Reiklanders. Il redéploya son armée en profonds régiments dans le but de percer la ligne ennemie tel un puissant marteau pour ensuite se débarrasser des troupes qui contournaient ses flancs, exactement comme Martin de Stirland l’avait prévu.
EN TENAILLE
L’infanterie morte-vivante s’avança. Mannfred
lui-même était positionné sur la droite de son
armée. Sur les flancs, les restes de la cavalerie squelette et
les loups funestes se lancèrent au galop. Le comte
électeur du Stirland ordonna à sa cavalerie de les
engager sans perdre une minute et les chevaliers
s’exécutèrent et chargèrent les loups. Un
destin similaire attendait les squelettes alors que les pistoliers,
dispos et en nombre, les réduisirent en poudre. Les chevaux de
l’Empire poursuivirent les restes des loups funestes du champ de
bataille jusqu’au Lac des Ombres.
Avec cette victoire, Martin reprit confiance, mais il savait faire la différence entre un plan réalisable et la réalisation d’un plan. Il devait à présent s’occuper de la cavalerie lourde de Mannfred, les Chevaliers Noirs.
« Je sortis du rang pour haranguer mes hommes. Alors que les boulets de canon volaient au-dessus de nos têtes et que les flèches sifflaient, je lus la détermination dans les yeux de mes hommes. Ils n’avaient besoin d’aucun discours, d’aucune exhortation. Je les saluai tous et rentrai dans le rang. » écrivit Martin par la suite.
L’infanterie des morts-vivants était presque sur eux. Les cavaliers légers tirèrent une dernière fois de manière désordonnée et, comme prévu, jetèrent leurs armes et se replièrent derrière la ligne d’infanterie. Il faut souligner combien il est difficile de demander à des hommes de faire semblant de fuir sans déclencher une déroute bien réelle. Il fallut beaucoup de courage à Martin pour donner cet ordre et encore plus aux hommes pour le mener à bien.
L’infanterie morte-vivante se fracassa sur la mince ligne d’épéistes. Il n’y eut ni charge ni accélération, ils marchèrent simplement jusqu’au contact avec les impériaux. La pression n’en était pas moins colossale. Les hommes des rangs de derrière se cramponnèrent à ceux de devant, leurs pieds glissant sur le sol, leurs muscles bandés. La ligne tint bon, les hommes serrant leurs boucliers les uns contre les autres tout en faisant de grands moulinets de leurs épées qui décapitaient les zombis et broyaient les squelettes. Puis ils se mirent à reculer pas à pas. Lentement d’abord, sous les encouragements de Martin de Stirland, la ligne régressa, apparemment sur le point de céder en son milieu.
Remarquant cette faiblesse apparente dans la ligne ennemie, Mannfred lança plus de troupes au centre, pour y accroître la pression et finalement percer la ligne. Son armée s’y entassa encore plus et la ligne impériale commença à envelopper les bords de l’infanterie ennemie. Les vampires des chevaliers Noirs combattaient avec férocité, pourfendant les arbalétriers et les hallebardiers apparemment sans coup férir.
Les morts-vivants étaient attirés toujours plus avant, par-dessus les premiers rebords de la colline et dans les basses terres marécageuses. La Crête tonitruante se dressait devant eux. De cette hauteur, les mortiers faisaient pleuvoir leurs projectiles sur les morts-vivants. Les yeux de Mannfred étaient rivés sur le centre de la ligne impériale, une ligne si cruellement faible, une ligne qui reculait devant lui et qui ne tenait qu’à un fil et dont la rupture signait l’engouffrement de ses troupes et l’écrasement de l’armée de l’Empire.
Par-dessus le tumulte de la bataille, Martin de Stirland entendit une trompette retentir. Sa cavalerie arrivait ! C’était le signal qu’il attendait. D’autres trompettes répondirent à la première. La cavalerie légère et l’infanterie lourde chargea depuis l’arrière les lignes impériales et fondit sur les flancs morts-vivants. Incapables de manœuvrer, ils furent contraints de se battre sur trois fronts et quand la cavalerie plongea sur leurs arrières, toute possibilité de fuite leur fut coupée. Mannfred prit conscience du piège dans lequel il était tombé en faisant avancer ses troupes.
Les chevaliers de la Divine Épée portèrent le coup fatal. Ils mirent en déroute les morts-vivants aux prises avec les nains et poussèrent leurs montures vers le flanc droit de l’ennemi, s’enfonçant directement dans les rangs des chevaliers Noirs, suivis des nains, sévèrement étrillés mais toujours valeureux. Une tuerie s’en suivit, si un tel mot convient au trépas d’êtres déjà morts. Les morts-vivants étaient totalement encerclés, ployant sous les charges répétées de cavalerie et la furie impitoyable de l’infanterie du comte électeur. Seul Mannfred s’échappa.
Il ne put s’enfuir plus loin que les marais du lac des Ombres, où Martin de Stirland, après une charge impétueuse et avoir défait les gardiens spectraux du seigneur vampire, l’abattit avec son Croc Runique. Le comte électeur était un homme vigoureux et capables de prouesses martiales mais en tout autre jour, Mannfred aurait eu le dessus. Mais l’infâme vampire était épuisé à cause des colossales quantités d’énergie qu’il avait dépensé pour mettre en branle son armée. Son corps fut englouti par la vase environnante et ne fut jamais retrouvé.
Le comte électeur du Stirland contrôlait enfin le terrain.
ÉPILOGUE ET PORTÉE
La victoire de Stirland avait reposé sur plusieurs facteurs, dont certains était hors de son contrôle. Si le plan de Mannfred de scinder ses troupes avait fonctionné ou bien si les réserves de l’Empire et les nains n’étaient pas arrivés à temps, l’issue aurait pu être bien différente. C’était une erreur de Martin Stirland de poursuivre les troupes de von Carstein sans ses alliés. Et si Mannfred n’avait pas alloué autant de ses guerriers contre la prise en tenailles de ses flancs par les troupes impériales ? Et si Mannfred n’avait pas mordu à l’hameçon et ne s’était pas laissé contourner ?
Loin de moi l’idée d’ôter une once du mérite à Martin de Stirland pour cette victoire éclatante mais les événements auraient pu prendre une tournure bien plus funeste, si certains facteurs avaient été altérés. En somme, la prise de risque mesurée de Martin, son robuste plan de bataille et sa manœuvre de contournement bien menée ont parfaitement contrecarré l’excès de confiance de Mannfred et ses mauvaises prises de décision.
La supériorité numérique n’est pas une promesse de victoire. Mannfred utilisa la masse colossale de ses régiments telle un marteau dans l’espoir d’anéantir ses ennemis par la force brute. Il sacrifia tout semblant de réflexion stratégique en termes de manœuvre et de déploiement. Il paya ce choix avec la défaite et la mort. L’Empire et la terre des mortels étaient sauvés de la menace de ce démoniaque suceur de sang.
Le comte électeur de Stirland fut quant à lui porté en triomphe et on érigea des statues à sa gloire dans tout l’Empire. Il s’empara de la souveraineté sur la Sylvanie ce que personne ne lui disputa d’une part parce qu’on l’estima pas imméritée et d’autre part parce qu’aucun autre prétendant ne se présenta. Il demeura un comte électeur respecté jusqu’au jour de sa mort.
[Le WDF35 propose de jouer cette bataille. On notera
l'attention accordée par Rick Priestley et Tuomas Pirinen au contexte
de l'époque (pas de magiciens des collèges, pas trop d'armes à poudre).
Oubliez d’ailleurs la centaine de pistoliers dont parle le texte
ci-dessus, inventez-donc une cavalerie légère équipé différemment si
vous le souhaitez !] Il s’agit est une adaptation du scénario de percée.
L’armée des morts y est celle qui tente de se dégager et sa
particularité essentielle est que les troupes pouvant être utilisées
sont limitées à celles données dans les listes ci-dessous. Cette
restriction résulte de la nature des armées impliquées, mais aussi de
période concernée. Les collèges de Magie, par exemple, n’existaient pas
encore à l’époque et l’armée impériale ne pourra donc pas comprendre de
sorcier. Ces restrictions sont dues aux circonstances
inhabituelles de la bataille. Vous pouvez augmenter ou réduire la
valeur totale des armées afin de les adapter aux quantités de figurines
dont vous disposez, mais les deux armées doivent être modifiées
équitablement et rester de valeurs égales. Cette bataille est idéale
pour trois joueurs, chacun ayant le contrôle d’une armée. A moins que le contraire ne soit précisé, vous pouvez
équiper vos troupes comme vous le désirez du moment que vous vous
conformez aux limitations spécifiées dans les Livres d'Armée de chaque
race. Toute exception sera indiquée ci-dessous.
LES IMPERIAUX (1500 à 2000 points) Martin, Comte
Electeur du Stirland Champions 0-2 Régiments de
Chevaliers LES NAINS (1000 à 1500 points) Gurni, le Seigneur
Nain Champions 0-1 Maître des Runes 0-1 Régiment de
Longues Barbes Mannfred von Carstein 0-2 Comtes Vampires Champions N’importe quel nombre de
régiments de Squelettes [Le
Citadel Journal n° 19 p. 46 et suivantes propose un autre scénario pour
cette bataille incluant des Hauts elfes et un encerclement sur 3
cotés des morts-vivants. Dans
celui-ci, il y a 4000pts de morts-vivants, 2200pts de nains, 2500pts
d'Empire et 1800pts de Hauts Elfes. On pourrait s'en inspirer si l'on veut
représenter le dernier stade de la bataille.]
LES SCÉNARIO
Ce
scénario est assez simple mais rien ne vous empêche de l'enrichir de
règles spéciales.
L'Alliance (3000 points)
Martin de Stirland commande l’armée impériale. Son profil est celui
d’un seigneur humain (voir le Livre d’Armée de l’Empire). Il chevauche
un destrier caparaçonné et doit être doté d’un Croc Runique. Le reste
de son équipement et de ses objets magiques peut être choisi librement.
Chaque régiment de l'armée impériale peut être accompagné un champion.
Tout champion devra être armé et équipé les hommes du régiment dans
lequel il se trouve.
N’importe quel nombre de régiments de Hallebardiers
N’importe quel nombre de régiments d’Archers
N’importe quel nombre de régiments d’Arbalétriers
N’importe quel nombre de régiments de Lanciers
N’importe quel nombre de régiments de Joueurs d’Épée
0 - 1 Régiment de Flagellants
0 - 1 Régiment d’Ogres
0 - 1 Chariot de Guerre
0 - 3 Grands Canons
Gurni commande l’armée des nains. Son profil est celui d'un seigneur
nain ordinaire (voir Livre d’Armée des nains). Il peut être doté de
l’équipement normalement disponible pour les personnages nains et
posséder jusqu’à trois runes magiques d’une valeur maximale de 100
points chacune.
Chaque régiment de l’armée des nains peut être accompagné par un
champion. Tout champion devra être armé et équipé comme les nains du
régiment dans lequel il se trouve.
L’armée des nains peut comprendre un seul Maître des Runes. Il pourra
être de n’importe quel niveau, comme expliqué dans le Livre d’Armée des
nains. Il pourra être doté de l’équipement disponible pour les
personnages nains et avoir jusqu'à trois runes d’une valeur maxi de 100
points chacune.
N’importe quel nombre de régiments de Guerriers nains
N’importe quel nombre de régiments d’Arbalétriers nains
0 - 1 Régiment de Tueurs de Troll
0 - 3 Machines de Guerre nainesLes morts-vivants (3000 points)
Il commande l’armée des morts vivants. Il peut avoir jusqu’à quatre
objets magiques, d'une valeur maximale de 50 points chacun. Notez qu’il
ne peut pas porter l’Anneau des Carstein qui lui été dérobé un siècle
plus tôt.
L’armée des morts vivants peut comprendre jusqu’à deux Comtes Vampires.
Ils pourront être dotés de l’équipement disponible pour les personnages
morts vivants et avoir chacun jusqu’à deux objets magiques d’une valeur
maxi de 50 points. Les Comtes Vampires peuvent de plus chevaucher des
montures squelettes.
Chaque régiment de l’armée peut être accompagné par un champion. Tout
champion devra être équipé et armé de la façon décrite dans le Livre
d’Armées des Morts Vivants.
N’importe quel nombre de régiments de Cavaliers Squelettes
N’importe quel nombre de régiments de Zombies
N ’importe quel nombre de régiments de Goules
N’importe quel nombre de régiments de Revenants
N’importe quel nombre de régiments de Fantômes
N'importe quel nombre de regiments de Charognards
0-1 Régiment de Spectres
0-3 Catapultes à Cranes Hurlants
0-3 Chars Squelettes