2517 CI
LA Empire V8
p.14
Merci à Rincevent
En 2517, l’Empereur [Karl Franz] marchait de nouveau à la bataille, lors d’un épisode qui allait tourner à l’une des plus périlleuses confrontations de son règne.
La forêt de Reikwald est infestée de créatures malveillantes et les attaques de gobelins ne sont qu’une des nombreuses menaces qui pèsent sur les villages de l’Empire qui y sont établis. A cette occasion, le chaman gobelin Rabnik, l’autoproclamé « Roi-araignée », qui avait rassemblé une horde de peaux-vertes qui mettait le Reikland à feu et à sang. Karl Franz devait mettre rapidement fin aux pillages de la tribu des Zakariens de Rabnik car, s’il était incapable d’assurer la sécurité de sa propre province, sa capacité à défendre l’Empire risquait d’être remise en question. C’est ainsi que Karl Franz réunit une armée pour éradiquer cette menace une bonne fois pour toutes. De longues colonnes de troupes régulières en uniforme blanc empruntèrent la grande route du Reik, marchant au rythme des tambours, côte à côte avec les joueurs d’épée de Carroburg et avec la moitié de la Reiksguard, aux armures polies comme des miroirs. Le Reiksmarshall commandait la garde de l’Empereur, chevauchant au côté de Karl Franz et de son féroce griffon, Griffe Mortelle.
Les Zakariens avaient construit leur tanière dans une région de la Reikwald appelée les Pinières Sanglantes. Alors que l’armée impériale s’en approchait, les bois devenaient plus denses et plus sombres. La forêt était tapissée de toiles d’araignée et des corps enveloppés suspendus aux arbres dégoulinaient un sang faisandé sur le sol moussu. Réticent à l’idée d’envoyer ses troupes à l’aveuglette au cœur du domaine gobelin, Karl Franz ordonna à son infanterie de se déployer en une longue ligne parallèle à la route et faisant face à la lisière des Pinières Sanglantes ; les régiments devaient tenir leur position, quel qu’en fût le prix. Les fantassins allaient encaisser l’attaque à venir, afin de laisser le temps à Kurt Helborg et à la Reiksguard de contre-attaquer. Ses ordres transmis, Karl Franz fit décoller Griffe Mortelle et s’évanouit derrière la ligne des arbres. A peine les hommes du Reikland avaient-ils gagné leurs positions qu’une immense horde de gobelins piaillants et d’orques sauvages surgit des futaies maudites. Il apparut d’abord que la discipline des troupes du Reikland était à la hauteur de la tâche, mais les vagues de peaux-vertes continuaient de se déverser des Pinières Sanglantes. La férocité des assauts successifs était telle que le flanc droit aurait rompu sans les efforts héroïques de l’élite de Carroburg et les cris de ralliement des capitaines du Reikland. Pourtant, l’afflux continuel de peaux-vertes laissait croire que tout le courage de l’Empire n’allait pas suffire.
Au moment où tout semblait perdu, la Reiksguard déclencha sa contre-charge. Le cœur des soldats se regonfla, tandis que celui des peaux-vertes cédait à la panique à la vue de centaines de chevaliers en armure remontant la crête au triple galop, Kurt Helborg à leur tête. Alors que la Reiksguard labourait les rangs de l’ennemi, la panique de ce dernier se mut en abjecte terreur. Le Reiksmarshall ordonna la poursuite, repoussant les peaux-vertes vers la forêt, droit dans le piège tendu par Karl Franz. La horde gobeline apeurée et confuse s’arrêta net lorsque les bois semblèrent exploser en une avalanche de griffes et de serres. Karl Franz avait secrètement mené une force de chevaliers demigriffons pour lui couper la retraite. Pris entre la cavalerie monstrueuse de Karl Franz et la Reiksguard, les peaux-vertes furent massacrés.
Les soldats du Reikland se félicitèrent, mais leurs acclamations furent coupées court lorsqu’un éclair de magie verte jaillit depuis les arbres et frappa l’Empereur, lui faisant vider les étriers. En un instant, les cris de joie se transformèrent en hurlements de peur, tandis que Rabnik lui-même émergeait des ténèbres juché sur une monstrueuse araignée de la taille d’une maison. D’autres bêtes semblables surgirent des bois et entre leurs pattes couraient des araignées aussi grosses que des destriers. Les chevaucheurs gobelins fondirent sur les soldats terrifiés et les hommes furent submergés par ce raz-de-marée de chitine. Des dizaines tombèrent sous une pluie de flèches empennées de noir et des chevaliers de la Reiksguard furent empalés par des traits longs comme des lances ou mis à terre par les trolls affamés qui suivaient les araignées.
Griffe Mortelle rugit de rage et se jeta sur la première formation de gobelins qui s’approcha de l’Empereur à terre, hachant les peaux-vertes de ses puissantes serres. Karl Franz fut réveillé par les cris, avec le goût cuivré du sang dans sa bouche. Sans la protection du Sceau d’Argent, le sortilège du chaman l’eut sûrement tué. Combattant la douleur, l’Empereur remonta en selle et lança Griffe Mortelle sur la dernière araignée gigantesque et le caquetant Rabnik perché sur son dos. Le griffon décapita le chaman d’un seul coup de serre et Karl Franz bondit de son siège pour atterrir au milieu des gobelins qui garnissaient le howdah de l’arachnarok. Luttant tel un dieu de la guerre d’antan, il projeta les corps désarticulés des peaux-vertes en tous sens et fracassa la tête du monstre d’un coup magistral de Ghal Maraz. Tous ceux qui assistèrent à la scène clamèrent qu’il s’agissait d’un exploit digne de Sigmar lui-même.
Helborg répandit la nouvelle de la rémission de Karl Franz aussi vite qu’il le pût et les soldats du Reikland reprirent courage. Constatant le triomphe de l’Empereur de leurs propres yeux, ils redoublèrent d’efforts. Le Roi-araignée vaincu, les peaux-vertes prirent la fuite, détalant dans toutes les directions. Bien qu’il se passât encore un mois avant que les dernières poches de survivants fussent débusquées et éradiquées, la tribu des Zakariens n’était plus.